librement adapté de “La petite sirène” d’Andersen

texte et mise en scène Emma Dante

avec Elena Borgogni, Davide Celona, Stephanie Taillandier

production Atto Unico / Compagnia Sud Costa Occidentale

coproduction La Colline – théâtre national

Fable pour un adieu

“Chaque fois qu’un enfant meurt, un ange descend sur terre, prend l’enfant mort dans ses bras, déploie ses grandes ailes blanches et survole tous les lieux que l’enfant a aimés.” H.C. Andersen 

Expliquer aux enfants le thème de la mort est une chose très délicate, surtout si on a décidé de ne pas impliquer Jésus et le Paradis. Raconter une fable de façon laïque peut aider à traiter un sujet aussi difficile que celui-ci, car la fable représente l’au-delà que nous ne connaissons pas, la métaphore qui forme une morale et donne à l’enfant les premières informations sur les questions de la vie et de la mort. Avec “Fable pour un adieu”, j’aimerais attirer l’attention sur qui se sentent inadaptés et risquent de mourir s’ils ne changent pas leur condition de vie. Ceux qui se sont pas à l’aise dans leur propre corps et ont la sensation d’être hors-sujet devraient être compris et aidés. Il y a une blague qui me touche plutôt que me fait sourire. Un pingouin demande à son père: “Papa, est-ce que moi je suis un pingouin? Son père répond: bien sûr que tu es pingouin, mon fils. Et toi aussi, tu es pingouin, papa? Evidemment: je suis ton père, tu es mon fils, je suis pingouin et tu es pingouin. Et maman aussi est pingouin, papa? Insiste le fils. Nous sommes tous pingouins dans la famille, répond le père: maman, tata, mamie… mais pourquoi me poses-tu ces questions mon fils? Le pingouin baisse les yeux et murmure: parce que j’ai froid papa!”

Certaines vies sont perdues, infortunées, malheureuses et les enfants doivent le savoir. Adoucir la fable serait leur cacher la vérité. 

En s’inspirant de “la petite sirène” de Hans Christian Andersen, “Fable pour un adieu” raconte l’histoire d’une sirène qui ne se sent pas à l’aise dans son élément naturel: la mer, et passe des heures et des heures sur un rocher à contempler l’infini. L’humidité de la mer la pénètre jusqu’aux os et refroidit son corps. Elle préfère la terre ferme, d’où la mer apparaît comme une étendue merveilleuse et parfumée. Chaque soir, Agnès, la plus jeune de six soeurs, à la peau aussi délicate que des pétales de rose, et les yeux aussi clairs qu’un lac profond, chante sur la rive sous les étoiles, jusqu’au jour où elle voit couler un navire. Elle plonge et sauve un prince qui est en train de se noyer. Elle le ramène à la rive et tombe éperdument amoureuse de lui. C’est à ce moment que la sirène fait son choix: renoncer à sa queue de poisson pour trouver le grand amour. La petite sirène est prête à tout, elle demande le sortilège à la sorcière des mers. Elle héritera de deux jambes pour rejoindre son prince, et en échange elle donnera sa voix à la sorcière. Mais ce n’est pas tout, le risque est plus grand: si le prince ne l’aime pas en retour, Agnès se transformera en écume de mer. La sirène accepte tout, y compris de mourir, et par une mutation très douloureuse sa queue se divise en deux, devenant les jambes d’une femme sans voix. Le prince sera-t-il prêt à l’aimer? La sirène sera-t-elle à l’aise sur la terre ferme, ou bien, comme le pingouin de la blague, continuera-t-elle à avoir froid?

Spettacolo in francese